Le miel est-il végétalien?
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Je suis une apicultrice végétalienne, eh oui!
Et je suis convaincue que le miel est végan.
Bien évidemment, je ne fais pas référence au miel produit de façon industrielle.
Ce « miel » n’en est de toute façon souvent même pas réellement. C’est plutôt du sirop de maïs modifié. (Je conseille l’écoute de “Rotten S1-E1” sur Netflix pour plus d’informations à ce sujet).
Je parle ici du miel de l’apiculteur local.
J’en profite pour dénoncer le fait que seulement 27% du miel que les Québécois consomment est local, il y a définitivement place à l’amélioration.
Nutrition
Premièrement, d’un point de vue WFPB, le miel est excellent pour la santé. Il n’est pas à considérer comme un produit animalier, loin de là. Il est anti-inflammatoire et son index glycémique est plus bas que celui du sucre raffiné.
D’un point de vue nutritionnel, il est plus antioxidant que le sirop d’érable. Bien sûr, il vaut mieux lorsque possible sucrer aux dates ou à la mélasse. Mais je considère le sirop d’érable et le miel comme des aliments entiers et je ne m’en prive pas :).
Faits intéressants
Le miel est un agent thérapeutique ! L’application du miel est utile pour accélérer la guérison des cicatrices (et laisser moins de marques).
Le miel est aussi plus efficace que des médicaments pour la douleur associée aux ulcères buccaux (apthes) et pour leur guérison. Je l’ai testé, c’est génial ! Pour la douleur, après 1 journée c’est réglé en temps normal et vous êtes censés être guéris après seulement 3 jours.
En plus, le miel n’a pas le potentiel de développer de la résistance aux antibiotiques.
Les bénéfices nutritionnels et thérapeutiques du miel sont dus en partie aux phyto-nutriments provenant des fleurs que les abeilles butinent.
Le respect des animaux
Pour ce qui est du bien-être des créatures vivantes adorables que sont les abeilles, je vous assure qu’aucun apiculteur à petite échelle n’a d’avantage à maltraiter ses abeilles. C’est vraiment une relation de co-dépendance que nous entretenons avec nos petites bêtes.
Malheureusement, dans le modèle de production alimentaire avec lequel nous vivons, il est impossible d’imaginer le monde sans que nous ayons besoin d’abeilles.
Bien évidemment, si nous pouvions changer pour des méthodes plus durables d’agriculture, j’en serais choyée.
En attendant, nous devons admettre que nous sommes dépendants des pollinisateurs et majoritairement des abeilles.
Aimer ses abeilles
Je tiens à dire que nous traitons nos abeilles aux petits oignons.
Je vous jure que je pleure quand une vois une abeille morte, et nous travaillons aussi lentement que nécessaire afin de ne pas en écraser.
Aussi, nous avons trouvé une façon de se faire piquer qui ne tue pas les abeilles !
En effet, la peau des humains est tellement élastique que d’habitude, les abeilles ne peuvent pas en ressortir et donc en meurent lorsqu’elles nous piquent (Ce qui n’arrive que si nous faisons mouvement brusque). Par contre, il y a une façon de faire qui consiste à laisser l’abeille se dévisser très tranquillement (son dard est comme une petite vis). L’abeille peut donc en ressortir vivante.
Que tous ceux qui ont déjà subi une piqure de guêpe ou d’abeille attestent: c’est de l’amour pur que de se laisser piquer pendant plusieurs minutes et donc d’accepter d’avoir TOUTE la dose de venin entrer dans notre corps. À comprendre aussi qu’une piqure ne fait pas mal qu’une seule fois, la douleur revient périodiquement à de nombreuses reprises pendant les heures suivant celle-ci.
Les abeilles nordiques
Je peux vous assurer que personne n’a besoin de prendre soin de leurs abeilles comme les apiculteurs vivant dans des pays nordiques.
Les abeilles ne sont pas faites pour vivre dans les pays nordiques. Elles ne passeraient jamais l’hiver. Le travail de l’apiculteur est avant tout de s’assurer de la santé de ses colonies et d’éviter l’essaimage.
Qu’est-ce que l’essaimage?
Quand une colonie devient assez forte (généralement au début de l’été), elle choisit naturellement de se multiplier.
Pour ce faire, les abeilles créent des cellules royales dans le but de se créer une nouvelle reine.
Lorsque la nouvelle reine sort de son alvéole, la vieille reine quitte la ruche avec la moitié de la colonie.
Dans un climat propice à l’essaimage, les abeilles se trouvent un trou dans un arbre ou un endroit où recommencer une ruche et ont plus de chances de survivre l’hiver.
Au Québec, ou dans les pays nordiques, c’est une mort certaine pour cette moitié de colonie.
Les abeilles ne peuvent donc pas survivre sans nous où nous vivons, et nous ne pouvons malheureusement pas faire d’argent comme apiculteur sans vendre du miel ou des produits dérivés de la ruche. En achetant du miel à un apiculteur local, vous encouragez donc la survie des abeilles, non pas le contraire !
Il faut aussi garder les abeilles occupées (en récoltant leur miel, par exemple) pour éviter qu’elles ne se sentent à l’aise d’essaimer.
Les abeilles non-nordiques
Bien sûr, il est moins grave qu’une colonie d’abeilles essaime dans un pays qui n’est pas nordique. Par contre, les abeilles sont très fragiles et sont une espèce en voie de disparition.
Il est donc primordial de les garder en santé et de faire des contrôles afin d’éviter l’invasion de parasites et maladies qui pourraient mener à leur extinction. Peu importe le climat, l’apiculteur aide ses ruches à combattre et notre rôle est vital. Chaque colonie qui survit est une grande victoire.
Ce qui se passe:
La reine s’est posée quelque part avec ses abeilles, pendant que les abeilles fureteuses partent à la recherche d’un endroit propice pour une nouvelle ruche. Pendant ce temps, les abeilles sont très vulnérables et ne piqueront en aucun cas un humain.
Voici une vidéo pour l’expliquer:
Ce qu’il faut faire quand vous voyez ce genre de phénomène ?
Appelez un apiculteur des environs, il viendra sauver la colonie.
Le sirop de sucre
Un des arguments les plus utilisés pour dire que le miel n’est pas végan est le fait que nous « volons le miel aux abeilles ».
Encore une fois, il faut comprendre que les abeilles ne sont pas faites pour passer des hivers aussi arides, froids et longs. Elles ont besoin qu’on les aide à le faire.
Lorsqu’elles hivernent, les abeilles ne dorment pas. Elles restent en grappe et croyez-le ou non, elles entretiennent une température de 35 degrés Celsius dans la ruche tout au long de l’hiver.
Elles ont besoin de prendre des forces. Le miel est extrêmement nutritif pour les abeilles, ce qui est une bonne chose en temps normal, mais elles ne peuvent pas sortir de la ruche en hiver pour faire leurs besoins.
Ça signifie qu’elles se retiennent tout au long de l’hiver et que puisque nos hivers sont longs, ça peut engendrer la maladie dans une colonie. Cette maladie s’appelle la dysenterie. Les colonies qui en souffrent ont rarement l’énergie de survivre jusqu’aux premiers beaux jours de printemps.
C’est pourquoi nous les nourrissons au sirop de sucre, qui est beaucoup moins nutritif.
Nous tentons de compenser pour le côté antibactérien du miel en ajoutant un mélange d’huiles essentielles. Nous savons que ce n’est pas idéal et sommes à la recherche constante d’améliorations possibles pour hiverner nos abeilles de la façon la plus naturelle possible.
Mon conjoint a récemment appris au sujet d’une nouvelle méthode qui consiste à hiverner les abeilles en les emballant avec une couche supplémentaire et en leur laissant une hausse de miel.
Nous allons tenter de le faire pour quelques colonies et tester si ça les aide ou leur nuit. Vous comprendrez que nous ne pouvons pas tester sur toutes les colonies, car bien que ça soit dans le but de les traiter mieux, si elles meurent suite à nos bonnes intentions, nous ne sommes pas de meilleurs « parents ».
Cela dit, si dans votre coin du monde vous avez la chance d’encourager un apiculteur qui nourrit ses abeilles uniquement au miel, s’il vous plait, faites-le! Ça, c’est du VRAI miel végan !
Je vous souhaite tout le bonheur du monde,
Marie-Chose :)